Extrait
 

« Le départ est encore renvoyé à demain. Plus un sou en caisse et je dois six mille francs de restaurant. Je suis ennuyé car arrivé à Sophie, pour joindre Maripasoula et ne pas perdre de temps, je devrai payer un guide porteur durant 5 jours à cinq grammes d’or par jour et acheter un canot pour naviguer sur la crique Petit Inini : de trois à cinq mille francs.

Je pourrais partir seul mais je perdrais un temps précieux dans une région ne présentant aucun intérêt pour l’exploration. Or, je veux aller vite car je suis terriblement en retard sur mon programme. Je devrais être aux Tumuc-Humac orientales ou aux sources du Kouc suivant l’itinéraire dressé à Paris. Il est vrai que les itinéraires en brousse !… Je prends à peine le départ et quel départ ! la saison sèche est sérieusement entamée.

J’ai demandé à plusieurs personnes un prêt remboursable par « Sciences et Voyages ». – Excuses habituelles et je me retrouve gros-Jean comme devant.

Retourner ? tout lâcher ?… Pas question !

Il me faut trouver de l’argent ; je réussirai, j’en suis sûr, seulement la saison sèche m’effraie car je serai certainement bloqué par les pluies très bientôt, quelque part dans la région inexplorée. »

Auteur

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Né en 1926 à Toulon, Raymond Maufrais témoigna dès sa jeunesse d’une soif d’aventure qui le conduisit – après un passage chez les Scouts – au métier de reporter. En 1942, âgé de 16 ans seulement, il tenta vainement de rejoindre l’Angleterre pour s’engager au sein de la France libre puis entra dans le maquis du Périgord où il seconda activement son père lors de la libération de Toulon. Pour ses faits d’armes, il fut cité à l’ordre de la Brigade et décoré de la Croix de guerre. Après la libération, il s’engagea dans l’armée, d’abord comme correspondant de guerre, puis comme parachutiste. Démobilisé, il voyagea en Corse, en Italie et le long de la Côte d’Azur où il réalisa divers reportages. En juillet 1946, il s’embarqua pour le Brésil où il parvint à se voir confier une mission de pacification auprès des Indiens Chavantes, appelés « les tueurs du Mato-Grosso » ; mission dont fut tiré son livre Aventures au Mato-Grosso publié en 1952. De retour en France en 1947, il conçut le projet de relier à pied – seul – la Guyane française et le Brésil par les monts Tumuc-Humac, puis de redescendre le Rio Jary jusqu’à la ville de Bélem. Le 17 juin 1949, il s’embarqua – non sans appréhension – pour Cayenne et entreprit la rédaction d’un carnet de route...